A BOUT DE MERES
LES DIABLES BLEUS M'EMPORTENT
RACHEL D. FORET
Léonox - Artikel Unbekant - Collectif ZLL - 9 septembre 2019
À bout de mères est un court recueil de neuf nouvelles publié par les éditions Otherlands. Je ne connais pas son autrice Rachel D. Forêt personnellement, mais je ne crois pas me tromper en affirmant qu’elle a mis beaucoup d’elle-même dans ce petit livre aux allures de catharsis. Elle n’avait d’ailleurs pas vraiment le choix. Car traiter un thème comme celui de l’enfantement de façon distanciée ne présenterait guère d’intérêt. Alors Rachel a opté pour la seule option acceptable : elle a pris son sujet à bras-le-corps sans rien épargner au lecteur.
Le résultat est un ensemble frappant, qui permet d’explorer toute la palette d’émotions contradictoires liées à la procréation. Entre suggestion angoissante et horreur frontale, l’autrice va puiser en elle-même ses sentiments les plus secrets, et s’en sert pour livrer une série de variations noires sur un thème qu’elle maîtrise à merveille.
Avec Aokigahara et Shégé, les deux nouvelles les plus longues du livre, Rachel D. Forêt prend son temps pour instaurer un suspense de plus en plus insoutenable, et utilise les ressorts du Fantastique avec un art consommé, jusqu’à faire basculer ses récits dans la pure épouvante. Du Japon au Congo, d’un mari en pleine perte de contrôle à un pasteur fanatique, d’une forêt maudite à une église bien peu catholique, Rachel met en scène une succession de tableaux effrayants qui évoquent la maternité, la perte et la résilience – quand celle-ci est possible…
Difficile de rivaliser face à de telles figures de proue, mais les autres nouvelles, bien que plus brèves, n’en déméritent pas pour autant. L’une d’entre elles, Nuit invisible, se démarque d’ailleurs par le point de vue adopté, mais aussi par son propos. S’il y est toujours question de la famille, la mère n’est pas cette fois au premier plan. En est-elle moins impliquée pour autant ? Hors de question de déflorer le sujet de ce terrible récit, mais si l’autrice a jugé nécessaire d’insérer un avertissement le concernant dans l’avant-propos, ce n’est pas pour rien…
Quant à Apparences et J’aurais aimé…, placés en ouverture et en conclusion du recueil, il s’agit de deux textes très brefs plus proches de la prose poétique que de la nouvelle. Mais les apparences sont trompeuses : les sourires de façade dissimulent parfois une grande violence. Quant à la conclusion douce-amère, elle est aussi belle qu’émouvante.
À bout de mères est donc un recueil marquant. Tour à tour crue et cruelle, tendre et triste, Rachel D. Forêt joue avec les contrastes pour mieux interroger la parentalité. En ce qui concerne l’enfance, il règne en effet trop souvent une sorte de « prêt-à-penser » qui semblerait indiquer que certaines choses ne se disent pas. Or non seulement l’autrice d’À bout de mères les dit, ces choses, mais elle les dit bien. Haut et fort. En résumé, Rachel a eu le cran d’emprunter une voie singulière, et elle a une voix qui porte. J’espère avoir le plaisir de l’entendre à nouveau.
Marmite aux plumes - 15 mai 2019
À notre époque, la mère se doit d’être parfaite. Une wonder-woman qui doit tout assumer : vie sentimentale, vie professionnelle, vie familiale, toujours être bien apprêtée, bien entretenir sa maison, penser à tout, tout le temps et pour tout le monde, et ne jamais s’en plaindre. Être mère exige la perfection, parce qu’elle est femme encore en proie aux stéréotypes, et maman parce qu’elle l’a choisi et qu’elle est désormais responsable. La pression est infernale et les écarts, les burn-out, tabous.
Les mères doivent aimer leur enfant dès le début.
Les mères doivent aimer davantage leur enfant dès qu’il vient au monde.
Les mères doivent être irréprochables.
C’est un heureux évènement, c’est beau, c’est puissant. Quel merveilleux sourire, quel merveilleux avenir…
Dans cette chambre à la maternité, tout le monde s’attend à ce que la symbiose soit là, concrète, immuable…
Que se cachent-ils derrière ces façades ?
Qu’en est-il en réalité de ces femmes perdues, déboussolées, apeurées cloitrées dans le carcan sociétal et des bien-pensants ? Victimes des autres ? Victimes de ce que l’on attend d’elle et des traditions ?
Que deviennent ces femmes qui se transforment en mères, changeant radicalement de vie, commençant déjà ses sacrifices, au quotidien et au corps chamboulés ?
Peut-être que le silence derrière ces sourires recèle cette facette obscure et taboue. Cette angoisse qui musèle les lèvres tremblantes, étouffe les cris désespérés, emmure les sentiments inavouables.
Dans ce recueil, neuf nouvelles dépeignent ce sujet très sensible de la maternité en explorant les reliefs les plus sombres. À cœur bien accroché et prévenu, vous soulèverez le voile pour plonger dans « ce qu’il ne faut pas dire », « ce que l’on ne doit pas voir ».
Plusieurs portraits se dessinent, plusieurs états d’âme se confrontent ou se réverbèrent entre eux…
La dépression, le rejet, l’infanticide, la mort subite du nourrisson, le deuil, l’impuissance d’une mère…
L’autrice s’adresse à nous dès les premières pages, nous expliquant sa démarche, ce qu’elle souhaite transmettre, et aborde le sens des diables bleus. De quoi nous mettre dans de bonnes conditions pour entamer la suite.
Souvent d’un genre fantastique, nous suivons les courtes histoires de neuf femmes. Légendes empruntées, croyance extrémiste, un monde contemporain dans lequel l’on peut devenir invisible, un autre où les forêts réclament leur dû… Plusieurs contextes servant de cadre au miroir qui nous offre le reflet le plus sombre de la maternité.
La plupart des nouvelles — si ce n’est une grande majorité — sont écrites du point de vue interne au récit, nous immergeant d’autant plus dans la psychologie de ces mères à bout de nerfs. C’est intimiste, au point que cela peut être troublant, voire dérangeant. Comme si nous ouvrions le journal de quelqu’un qui contiendrait tous ses plus sombres secrets, comme si nous jetions un œil à un crâne ouvert pour vampiriser toutes les pensées qui s’y trouvent, peu importe leur teneur… Et pourtant, derrière la forme et les symbolismes, sous la nappe de fantastique, se cache en réalité une psychologie profonde et souvent incomprise. Cautionnable ou non.
Les textes sont tous très bien écrits ; la plume de l’autrice ne se trahit pas d’une nouvelle à l’autre. Les descriptions indispensables sont là où il faut, aucune lourdeur… Mais ce n’est pas le style d’écriture qui compte avant tout ici. Nous ne sommes pas dans la recherche d’intrigues complexes, creusées, avec des twists… Ici, les émotions ont la primauté. Celles de nous percuter de plein fouet, de nous remuer, provoquer quelque chose en nous.
Bien entendu, certaines chutes sont surprenantes et très adéquates pour des nouvelles. Nous attendons la fin, nous interrogeant sur la conclusion finale, supposons… et nous inquiétons surtout. Quelle sera l’issue ? « Aurais-je le courage d’aller jusqu’au bout ? Ai-je vraiment envie de savoir ? »
Nous pensons que le but de ce recueil n’est absolument pas d’incriminer ces femmes et mères, de les pointer du doigt — sauf peut-être une exception ? – mais plutôt de les présenter, de dire « Voilà, écoutez ce qui se cache derrière les silences. »
Pour les lectrices-mamans, la lecture pourra s’avérer très difficile pour certains textes. Mais difficile aussi dans le sens où chaque trait nous renvoie à ses propres reflets, ses pensées noires, si sombres, que l’on n’avoue pas et qui nous traverse l’esprit lorsqu’elles ne s’installent pas.
Comme précisé plusieurs fois, tout n’est pas à prendre au pied de la lettre, bien entendu. Nous songeons notamment à Nuit invisible, un texte très dur — l’autrice en dit quelques mots dans sa note de départ, d’ailleurs.
Ce recueil désacralise le rôle de la mère et la perfection que l’on attend d’elle, l’amour immédiat et irrévocable, il ouvre les portes du tabou.
Il humanise la mère.
Si l’horreur peut nous submerger, l’incompréhension, mais aussi une part d’identification, c’est à la fois un message qui pourrait chuchoter : « c’est humain » ; « vous n’êtes pas seule. »
Le petit monde de Notangel et Jay - 21 novembre 2018
La couverture sombre et mystérieuse, m'a interpellé en premier lieu avec ce miroir montrant une main touchant celui-ci.
Le résumé est quant à lui est percutant, il traite d'un sujet très sensible pour bon nombre de femmes que j'ai désiré voir ce que l'auteure pouvait bien en faire.
Des nouvelles touchantes et captivantes
L'auteure nous propose un panel de neuf nouvelles chacune traitant d'un sujet sombre de la maternité avec différents points de vues, ce qui accroche le lecteur et qui a été pour moi un point important c'est que l'auteure utilise du fantastique ce qui permet de rendre le récit moins réaliste même si les sujets existent réellement.
Des personnages attachants...
Les personnages sont attachants, ils savent nous transmettre leur émotions.
Même si nous sommes spectateurs de ces situations, nous pouvons être en empathie pour les personnages des différentes nouvelles.
En conclusion, l'auteure a réussi a nous parler habilement d'un sujet assez sensible sans que l'on entre dans des nouvelles qui s'apitoient sur le sujet, avec des personnages singulièrement différents, un recueil très intéressant pour découvrir un sujet qui n'est pas forcément facile à traité.
Ma note:
16/20
Les mille et un livre - 15 aout 2018
Avec ce recueil, nous nous trouvons en présence de nouvelles qui peuvent être très intrigantes, sombres, déstabilisantes et assez différentes, tout en représentant la maternité sous tous ses angles.
Dans la normalité, une mère doit aimer sans condition son enfant et le protéger de tout, mais certaines réalités dégagent d’autres sentiments et émotions. Chacune des nouvelles présentes dans ce recueil m’a fait réfléchir, chacune touche à un côté sensible de mon instinct maternel. Neuf histoires différentes avec des personnages qui mettent en scène sa maternité assez différemment.
J’ai aimé la plume de Rachel D. Forêt qui est directe et franche. Elle une sensibilité et une douceur dans son imagination qui nous fait bien ressentir les émotions et les sentiments. Une belle découverte littéraire que je viens de faire avec ce petit recueil, je vous le recommande à tous.
L'instant des lecteurs - 19 avril 2018
Rachel D. FORÊT nous embarque dans un recueil de nouvelles très touchantes et bouleversantes ! Accrochez votre ceinture.
Nous plongeons dans un recueil de nouvelles à la plume légère malgré les sujets abordés. Et non, ils ne sont pas simples et heureusement, Rachel nous transporte avec ses mots et son style.
Elle a décidé d’aborder la face cachée de la maternité, ces côtés sombres et non convenus que l’on aborde jamais car il est convenu d’aimer son enfant, plus que tout au monde et de le protéger de tout. Mais quand on devient mère, est-ce qu’à tous moments on chéri ? Je ne sais pas et je ne pourrais pas répondre à cette question !
Je préfère vous parler du bouquin J que j’ai dévoré au passage ! Et oui, cette plume est addictive !
Rachel nous propose neuf nouvelles, neuf façons différentes de voir les choses dans la maternité, neuf personnages principaux, tout aussi différents.
Certaines sont intrigantes, d’autres dérangeantes, mais une chose est sûr c’est qu’elles sont toutes bouleversantes.
Chaque histoire apporte son lot de questionnement et de réflexion. Chacune d’elle touche un point sensible au plus profond de moi et je dois dire qu’à certains moments il faut avoir les tripes accrochées et la tête en place sinon, on plonge dans une sorte de noirceur !
Je ne cache rien, ce recueil est noir et pourtant donne de l’espoir pour certaines nouvelles !
Ce livre est un paradoxe entier ! Oui, tout comme la maternité finalement. Qui sommes-nous pour juger ? Qui sommes-nous pour imposer notre vision des choses ? Qui sommes-nous pour dire telle ou telle chose ?
Chacun à sa propre vérité et ses propres sentiments. Parfois les choses nous révoltent et c’est ce que nous montre Rachel D. Forêt dans ces nouvelles.
Je n’ai pas apprécié certaines nouvelles car certains mots pour moi ne sont pas forcément bien choisit ou encore m’ont révolté, mais n’est-ce pas cette révolte que l’auteure a voulu dénoncer ? Je ne sais pas, mais j’ai trouvé dur ! Je ne pouvais apprécier.
Cependant, j’ai apprécié la plume, la douceur du style et heureusement. En tout cas, je ne sors pas indemne de cette lecture. Elle a fait ressortir en moi tout un tas d’émotions, pas forcément sympathiques. Mais d’autres comme la réflexion de la reconstruction, celle-ci oui, j’approuve.
Il est à noter que « « À bout de mères » est l'aboutissement de ma petite thérapie personnelle. Puisse-t-il être l'occasion pour chacun d'entre vous de se déculpabiliser ou de porter un regard plus indulgent à ces mères en souffrance. » Extrait.
Voici les titres des différentes nouvelles : Apparences, Aokigahara, Nuit invisible, Un prénom si ressemblant, Lettre à moi-même, Clichés, Shégué, La chose, J'aurais aimé.
Je vous conseille ce recueil, aussi bouleversant qu’intrigant !
Le petit monde de Gren - 21 mars 2015
Je savais à quoi m'attendre en lisant ce recueil: la lecture risquait d'être difficile, perturbante, émouvante. Et effectivement, je suis passée par un tas d'émotions!
Dès l'avant-propos, l'auteur nous explique qu'elle souhaite aborder le thème de la maternité. Il est souvent associé au bonheur de la naissance et de voir grandir ce petit prolongement de soi. Ici, il est présenté de manière beaucoup plus sombre : la perte de l'enfant et la reconstruction de la famille après celle-ci, la dépression post-partum, l'amour d'une mère dans la pire situation, etc.
Des sujets sensibles, déchirants et abordés de manières différentes : du poème à la nouvelle en passant par la lettre. Certains textes ont pour toile de fond le fantastique, les légendes et les croyances tandis que d'autres s'appuient sur des scènes du quotidien, plus réalistes.
« A bout de mères » est finalement beaucoup plus qu'un recueil sur le thème de la maternité. L'auteur a posé les mots pour nous l'expliquer. Les voici :
« À bout de mères » est l'aboutissement de ma petite thérapie personnelle. Puisse-t-il être l'occasion pour chacun d'entre vous de se déculpabiliser ou de porter un regard plus indulgent à ces mères en souffrance.
Même si cette lecture n'était pas des plus faciles, à cause des sujets abordés, je l'ai beaucoup apprécié. Rachel D. Forêt a une plume très agréable, douce, poétique et qui transmet beaucoup d'émotions. Les mots choisis donnent une mélodie tantôt nostalgique et triste, tantôt grinçante et emprunte de colère pour les personnages.
Certains textes m'ont parlé plus que d'autres. Je pense que c'est une question de ressenti pour chaque lecteur, en fonction de sa sensibilité, de son vécu. Certains textes sont perturbants, comme « Nuit invisible » qui parle du sujet le plus détestable selon moi, le plus dur à lire, le plus dur à digérer. D'autres textes nous amènent à nous poser des questions, d'autres encore nous donnent à réfléchir sur un sujet tel que la dépression post-partum.
Ces poèmes, nouvelles, lettres, aussi touchants, perturbants, déchirants soient-ils ne tombent jamais dans l'excès. L'auteur prend soin d'utiliser chaque mot à bon escient. Il n'est pas question de faire pleurer dans les chaumières, de dramatiser ou d'horrifier. Il est juste question de poser les bons mots sur des choses réelles.
Je ne savais pas trop comment vous présenter ce recueil. Je trouve que le plus simple est de vous les présenter un à un, sans vous en dire trop pour ne pas gâcher votre plaisir lorsque vous le lirez à votre tour.
– « Apparences » : Un texte sous forme de poème, très court sur le rejet de l'enfant dans l'ignorance totale de l'entourage. Celui-ci ne m'a pas forcément plu. Beaucoup trop court ou je n'ai tout simplement pas été touchée.
– « Aokigahara » : Un texte qui figure parmi mes préférés. C'est une nouvelle sur fond de légende. C'est une quête de la survie et de la vérité pour des parents ayant perdu leur enfant. C'est très émouvant.
– « Nuit invisible » : L'auteur aborde ici un sujet horrible : l'inceste. C'est une lecture très difficile, perturbante, je me suis sentie mal à l'aise. J'ai dû faire une petite pause dans ma lecture après ça, le temps de la digérer. L'auteur a ajouté une petite touche de fantastique à cette nouvelle. Peut être pour alléger cette atmosphère très lourde qui s'en dégage, mais je trouvais que sans ça, le texte se suffisait à lui-même.
– « Un prénom si ressemblant » : C'est l'histoire d'une mère qui se sent rejetée par son enfant et son mari. La fin inattendue nous permet de comprendre le pourquoi… Je ne vous en dis pas plus, sinon que c'est triste, mais rassurant à la fois.
– « Lettre à moi-même » : Sous forme de lettre, une mère s'écrit à son « soi futur » espérant que les choses ont changé pour elle, que sa dépression post-partum a fini par disparaître. Une idée originale pour un sujet assez dur et triste.
– « Clichés » : Une mère retrace la vie de son enfant en feuilletant un album-photos. Ce texte nous donne à réfléchir : jusqu'à quel point aimons-nous notre enfant ? J'ai beaucoup aimé ce texte même si la fin m'a mise assez mal à l'aise, mais je pense que c'est cela qui crée la réflexion.
- « Shégué » : Un texte qui m'a beaucoup plu. Sur fond de croyances et traditions africaines, une mère a perdu son enfant de façon injuste. Une histoire troublante que celle de la petite Promédi.
– « La chose » : Cette courte histoire poignante est celle d'une mère qui lutte contre ses sentiments négatifs à l'égard de son bébé.
– « J'aurais aimé » : Un texte poétique parfait pour clôturer ce recueil. C'est très joli mais triste. C'est la peine d'une maman qui a perdu son enfant.
Si je n'ai pas forcément aimé tous ces textes, le recueil dans son ensemble est très bon. Il nous permet d'entrevoir beaucoup de facettes sombres d'une maternité qu'on aurait tendance à idéaliser. On y comprend en tout cas, qu'être une maman n'est pas toujours inné, on le devient, parfois à travers des chemins bien tortueux.
Je ne peux que vous conseiller de lire ce recueil, perturbant, émouvant et particulièrement bien écrit.
Mi ange mi démon - 11 mars 2015
Même si le sujet abordé est délicat on ne tombe pas dans le trop plein.
il est abordé différemment selon les nouvelles, longues ou courtes, "réelles" ou tiré d'une croyance mais toujours avec justesse.
J'aime beaucoup le titre qui regroupe "à bout de nerfs" et mères car malheureusement même avec la meilleure volonté du monde être maman n'est pas toujours facile.
Je me suis reconnue dans quelques nouvelles que ce soit en tant que mère ou en tant qu'enfant.
Bizarrement la nouvelle qui m'a le plus émue n'est pas la 3 (bien qu'effectivement le sujet est difficile) ou celles parmi je me suis reconnue mais la numéro 7. j'ai pleuré pour la petite fille et sa maman qui n'a pas pu la sauvée.
Il m'est difficile de donner mon avis d'abord à cause de la taille des nouvelles, ensuite parce que je suis la reine du spoil et surtout parce que c'est un livre qui se "ressent".
Ce n'est pas un livre qui laisse réellement place à l'imaginaire comme un roman mais plus au ressenti et tout le monde n'a pas le même ressenti sur un sujet aussi grave.
Mais je vous invite fortement à tenter l'aventure.
La bibliothèque de Mia - 2015
J'ai passé un moment de lecture très intéressant et j’avoue que l'auteure m'a totalement bluffé avec sa plume. C'est fluide, très poétique et elle manie les mots avec beaucoup d'élégance et de justesse. Au fil des nouvelles, on passe par beaucoup de sentiments. Certaines sont troublantes, d'autres dérangeantes puis d'autres touchantes mais elles ont un point commun : elles sont addictives et l'envie de savoir la finalité nous prend aux tripes !!
Je ne vais pas revenir sur toutes les nouvelles car elles sont toutes très différentes mais elles tournent autour du même thème, la maternité. L'auteure aborde avec simplicité et justesse ce thème. Je reviens sur le mot justesse car l'auteure n'en fait pas trop. Elle décrit les faits, les sentiments avec beaucoup de retenue. Elle a su trouver le juste équilibre sans en faire trop. C'est parfait et parfois ce détachement est presque flippant !
Bon après réflexion, je vais revenir sur quelques nouvelles quand même !!!
* J'ai particulièrement aimé "Aokigahara". "Un ultime instant avec l'amour de ma vie, mon ange". Histoire sur la mort subite du nourrisson. Quelle mère n'aimerait pas avoir cette chance ? Pouvoir serrer une dernière fois dans ses bras son enfant ? Elle est terriblement émouvante cette nouvelle, j'ai adoré l'ambiance et l'univers proposé par l'auteure. Le final est juste l'apothéose.
* "Nuit invisible", elle est hard mais je pense qu'elle avait largement sa plus ici puisque malheureusement l'inceste et le viol sont des faits établis. Monstrueux mais réels .... La présentation avec son côté surnaturel apporte un peu de légèreté et là encore, l'auteure n'en rajoute pas une tonne pour tomber dans le summum de l'horreur, elle n'a pas besoin de ça.
* La nouvelle "Un prénom si ressemblant" est extrêmement touchante ...
* "Lettre à moi-même", wahoo celle-ci, faut s'accrocher !!
* "Clichés" j'avoue, c'est celle qui m'a le plus interrogé. Comment réagir dans ce cas de figure ? Quand son enfant, une partie de nous, celui que l'on a élevé dans l'amour devient un monstre ? L'instinct maternel, celui de protection s'arrête-il net ou serons nous encore au rendez-vous ?
* "Shégué", je l'ai trouvé superbe cette nouvelle. Diabolique mais superbe ! L'histoire de Promédi est troublante ....
* "La chose", elle n'est vraiment pas facile mais je suis persuadée que c'est le cas de nombreuses femmes ....
* "J'aurais aimé ..." est sûrement celle qui m'a le plus bouleversé ... Elle est terriblement émouvante ...
Au fil des pages, on revient sur tous les liens d'une mère et son enfant. L'instinct maternel ou l'absence d'instinct maternel, l'amour inconditionnel ou l'absence d'amour. La perte d'un enfant par un décès brutal, la perte d'un enfant lorsque celui commet l'irréparable .....
L'auteure nous propose un large tour d'horizon sur la maternité et le fait d'être mère. Les liens qui se tissent ou pas .... C'est troublant, dérangeant parfois, mais merveilleusement bien écrit oui, merveilleusement bien écrit.
Un grand bravo à l'auteure, je suis conquise !
Chroniques livresques - 8 mars 2015
Neuf nouvelles, neuf façons de voir, d’apercevoir ce qui se passe réellement dans la tête des protagonistes liés à une naissance.
Certaines d'entre elles sont perturbantes, surtout une « nuit invisible ». Je l'ai trouvé dérangeante et pourtant c'est un phénomène qui arrive, comme dans toutes les autres, mais le fait de savoir cette femme ne rien faire, fermer les yeux parce que lui est heureux ainsi, j'ai eut beaucoup de mal. D'autres apportent une lecture troublante, m'incitant même à dire que oui, tout est possible et qu'au final qui sommes-nous pour juger telle ou telle personne alors que nos plus bas instincts peuvent ressortir ? L'auteur nous montre le revers du décor, le fait qu'un bébé, une mère, un père, un frère ou une sœur, peu importe, mais l'entourage de cet être qui n'a pas demandé à venir va être bouleversé. Les nuits incomplètes, les doutes, les questionnements, la douleur physique ou mentale. Le pourquoi je n'y arrive pas ? Ou encore le m'aime-t-il vraiment ? Et bien d'autres questions encore.
« Aokigahara » est celle que je préfère. Elle est triste, sourde, froide et plus le temps passe, plus l'espoir commence à renaître. La perte d'un enfant est impensable, pourtant elle arrive, bien plus que l'on ne peut croire. Comment survivre après cela ? Comment pouvoir continuer à garder le couple qui a fondé cet être parti ? Des obstacles, des doutes, des remises en questions, un affrontement qui ne sera pas de tout repos et enfin la lumière apportant la paix intérieure. Je pense encore à « clichés », me demandant comment réagir face à un tel phénomène. Une autre mérite que l'on s'y attarde, il s'agit de « Un prénom si ressemblant ». Elle ne m'a pas surprise par sa fin, elle découlait, mais ce que je retiendrais de cette nouvelle, c'est le fait que le monde ne cessera jamais d'avancer quelque soit les conséquences. Les deux dernières, « la chose » et « j'aurais aimé » sont poignantes. Le point de vue, les idées noires de la mère, qui n'en a jamais eut ?
Chaque histoire apporte une morale, une idée, un rejet, un petit quelque chose. Certaines paraissent tirée de la réalité, tout simplement parce que lorsque l'on a porté un enfant, la relation s'installe, s'étire. Le bonheur est présent, mais dès le départ ? Par toujours du début à la fin. J'ai trouvé certaines nouvelles très bien écrites, les mots découlaient comme l'eau d'une fontaine. Certaines sont vraiment recherchées, d'autres dont « la lettre à moi-même » je ne pense pas l'avoir bien comprise. Ce qu'il faut retenir également, c'est la façon dont le tout est présenté, pas de mots trop haut, pas de monstruosités réellement écrit, juste suggéré, juste assez pour imaginer. Le lien entre une mère et son enfant, cet instinct maternel que beaucoup rabâche et si les femmes ne les avaient pas toutes en un claquement de doigts ? Cela s'apprend, ce n'est pas forcément inné et le regard de l'autre qui croit voir un bonheur sans tache ne se pose même pas la question de savoir si c'est vraiment le cas.
Ce recueil est plutôt complet, même si je n'ai pas forcément apprécié toutes les nouvelles, j'ai bien aimé le tout d'une manière générale grâce à la douceur de l'écriture – non je ne suis pas contradictoire. Les textes sont sombres, parfois bercés de folies destructrices et pourtant la reconstruction est possible selon la personne concernée.